Concédant son titre à l’album, Splatter, qu’interprète l’Orchestre du Théâtre municipal de Bologne, témoigne d’une certaine dynamique entre les bois, les cuivres, les cordes et les percussions. Plus assagie, Distant Radio Transmission est une pièce minimale, autrefois publiée en trio avec CRAIG TABORN et KIKANJU BAKU (cf Conversations WH 0317) puis arrangée en 2017 pour un orchestre basé à Ostrava en république tchèque (WH 0347). Sur les deux tiers restants de l’album, Breath and Pipes, confronte le saxophoniste de l’ART ENSEMBLE avec le compositeur pisan FRANCESCO FILIDEI à l’orgue. “Débutant par des sons brefs qui se chevauchent et s’entremêlent, les deux protagonistes explorent une variété de registres : les saxophones couinent, l’orgue peut se faire insidieux ou majestueux… Peu à peu s’installe un parfum d’une apocalypse sonore, finalement domptée au seuil du chaos. Epoustouflant !” (PIERRE DURR)
Quelques citations (Un homme et une femme, guinguettes, tarantelles,…) enluminent le propos de ces trois improvisateurs italiens. Le tout a été haché menu en quatre-vingt miniatures sonores d’une minute maxi quand ce ne sont pas de quelques secondes. Le balayage sonore peut, via le programmateur de votre lecteur CD, se décliner en différentes lectures, à la façon du Rayuela de JULIO CORTAZAR. L’écoute devient alors participative et ludique.
“La notoriété d’HERMANN NITSCH (décédé en avril 2022) est davantage liée à son implication à l’actionnisme viennois de la fin des années 50 (en tant que cofondateur), tel ce remarquable exemple de l’œuvre d’art totale, Orgien Mysterien Theater (Théâtre des Orgies et des Mystères), initié dès 1962. Les performances vont s’accompagner peu à peu d’une musique de son cru, sensée véhiculer la puissance des forces de l’univers. Empreint de mysticisme, le concert pour orgue qui se tint à la basilique Santa Maria dei Servi de Bologne, clôtura l’édition 2019 du festival Angelica. Il réactualise les origines d’une approche musicale, basée sur les sons soutenus (à l’opposé du bruitisme d’antan) et adopte la forme d’un long drone, joué sur un orgue muni de petites planches de bois, placées par deux assistants pour accentuer les effets de clusters.” (PIERRE DURR)