Basé aujourd’hui à Copenhague où il joue régulièrement avec LOTTE ANKER, PETER BRUUN et SIMON TOLDAM, le pianiste canadien dirige de doigts de maître ce quintette prônant l’ouverture à diverses approches instrumentales : techniques étendues, live électronics, polyrythmies, tradition karnatique, etc. Ce répertoire s’apparente à ceux de TIM BERNE, CRAIG TABORN, BEN MONDER ou PATRICK ZIMMERLI.
BENOIT DELBECQ multiplie les pistes pour peut-être mieux les brouiller. Depuis la fin des années 80, ce pianiste, improvisateur et compositeur, s’est imposé comme l’un des défricheurs les plus originaux et stimulants de notre époque. Son univers musical puise à des sources variées : l’harmolodie d’ORNETTE COLEMAN, la précision et la rigueur rythmique d’un autre COLEMAN, STEVE, avec qui il étudié. Ses références en matière pianistique sont aussi bien THELONIOUS MONK, CECIL TAYLOR, MAL WALDRON que CAGE, LIGETI ou SCELSI. Ce sont devant les 88 touches de son clavier que BENOIT DELBECQ s’est retrouvé pour enregistrer un premier opus en solitaire. Au piano, il cisèle de petites formes en métamorphose permanente, motifs étirés, superposés et mélodies sinueuses. Il façonne ainsi une musique réveuse fortement poétique, tout en entrelacements complexes, miroitements infimes et subtiles jeux de textures. D’où l’émerveillement produit par ce disque, pour autant que l’on accepte d’être émerveillé, de se laisser surprendre, de ne pas se limiter confortablement aux paysages sonores connus.
Comme dans les autres disques de BENOIT DELBECQ, improvisations et compositions semblent flotter dans un rêve continu où le jazz et les musiques nouvelles se rencontrent. Le piano contemplatif de BENOIT DELBECQ lorgne vers CAGE, LIGETI où les polyrythmies africaines. L’approche de HOULE s’inspire d’EVAN PARKER et possède un lyrisme mélodique exceptionnel. Sophistiqué, évocateur, frais et habile.
“Des thèmes qui vous hantent comme des fantômes : d’autant plus obsédants qu’ils ne sont jamais qu’entraperçus derrière des voiles et des esquives, en un jeu fascinant de cache-cache, de course poursuite, de déliquescences et de recompositions permanentes. Bande sonore idéale pour un film qui serait consacré aux processus d’individuation par tension, disparation et métastabilité comme décrits par GILBERT SIMONDON.” (CHRISTOPHE DEGOUTIN / Multitudes)