Avant de fonder le label American Clavé à la fin des années 70, KIP HANRAHAN étudia l’architecture et le cinéma, deux pratiques qui ne cesseront de hanter ses productions discographiques. Depuis trois décennies, les albums de ce percussionniste ont convié une quantité impressionnante de musiciens de jazz, de free jazz, de soul, de musique latino ou du rock, dont il extirpe à chaque fois l’impossible et le merveilleux. Ces productions relèvent d’un même climat urbain, celui de la ville de New York, cosmopolite et métissée - on ressent à leur écoute la moiteur de ses étés -, musique foncièrement sensuelle et carressante, faite de plans rapprochés comme d’arêtes vives, qu’ancrent une basse électrique ondoyante et des rythmes afro-cubains. Mix latin-jazz-funk sorti en 1992, Exotica met en avant la voix ultra-mélodique de JACK BRUCE, le violon d’ALFREDO TRIFF, les saxophones de DAVID SANCHEZ et de MARIO RIVIERA et surtout les accords et grands écarts de DON PULLEN, lesquels n’auront, au cours du passage trop bref du pianiste sur notre Terre, rivalisé dans un registre similaire qu’avec ceux de McCOY TYNER ou de CECIL TAYLOR.